Romain Liverato

Romain Liverato

Artiste Pluridisciplinaire


La démarche artistique de Romain Liverato trouve son origine dans une quête incessante du paysage naturel dans toute sa grandeur. Sa pratique photographique célèbre la Nature pour elle-même, dans ce qu’elle a de souverain et d’indépendant, en s’affranchissant de toute lecture anthropocentrée.

Au fil de nombreux voyages, cette recherche d’une Nature intacte s’est toutefois heurtée à une réalité persistante : si la Nature demeure omniprésente, l’empreinte humaine l’est tout autant.

Ce constat marque un tournant décisif dans son approche artistique. La photographie de paysage devient dès lors un point de départ, un matériau qu’il interroge, transforme et enrichit.

Par une approche résolument plasticienne, il développe une œuvre à la croisée de plusieurs disciplines, intégrant des interventions variées telles que la peinture, l’aquarelle, la mosaïque, la dorure, le collage ou encore les retouches numériques. Ces gestes introduisent un contraste visuel et sémantique.

L’objectif n’est pas d’effacer le réel, mais de rendre visible ce qui altère sa perception : les marques, les fractures, les résurgences de l’activité humaine dans nos territoires.

Par cette hybridation des médiums, son œuvre fait émerger la tension entre contemplation esthétique et questionnement environnemental. Elle explore la complexité des relations entre l’Homme et la Nature, et invite le regardeur à une réflexion renouvelée, à la fois poétique, critique et engagée, sur notre rapport au vivant.


Icônes

Le travail avec la série “Icônes” me permet de transposer les codes de l’art byzantin à la représentation du paysage et du vivant, en élevant la Nature au rang de sujet sacré.
J’intègre dans chaque œuvre un fond d’or, traditionnellement symbole de la lumière divine, qui vient auréoler les fragments naturels, les animaux ou encore les horizons. L’or ne désigne plus ici le divin religieux, mais un sacré universel, contemporain, dont le seul et unique sujet est le vivant.
Dans la tradition byzantine, le fond d’or efface toute référence spatiale ou temporelle, conférant au sujet une dimension intemporelle et sacrée. J’utilise ce procédé comme un outil de relecture symbolique du monde naturel. La lumière céleste devient celle qui entoure désormais chaque élément du vivant, lui offrant constance, dignité et solennité.
Je revalorise ce que nous reléguons trop souvent à l’arrière-plan comme un simple brin d’herbe, un morceau d’écorce ou un horizon lointain. Chaque fragment de paysage devient ici objet de contemplation. Chaque œuvre affirme que la Nature, dans son ensemble comme dans ses détails les plus modestes, mérite une reconnaissance sacrée.
Rattaché à l’Histoire, j’ai adopté des petits formats (13×13 cm ou 10×15 cm hors cadre) évoquant les icônes portatives que les voyageurs emportaient autrefois dans leurs déplacements. Ces œuvres intimes invitent à une relation personnelle, presque dévotionnelle, avec la Nature.
Présentée dans son ensemble, la série forme un polyptyque, une installation inspirée de l’iconostase byzantine, ce mur d’”Icônes” placé entre le fidèle et l’autel. Cet ensemble crée une tension féconde entre l’intime et le monumental, entre le détail et le tout, entre le spirituel et l’organique.
Il est intéressant de noter que “Icônes” s’inscrit dans la continuité de ma série “Sanctifié”. J’y reprends certains symboles issus de l’art religieux ancien comme le nimbe et le fond d’or, non comme références stylistiques, mais comme outils plastiques et conceptuels pour interroger la valeur du monde vivant et la relation que nous entretenons avec lui.

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Souvenir

Inspirée par la célèbre maxime d’Héraclite « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », “Souvenir” interroge l’impermanence, la fugacité des instants vécus, et la manière dont le réel devient image intérieure. J’ai en effet souhaité initier une réflexion poétique et plastique sur la mémoire, sa nature mouvante, et la transformation inévitable de la réalité. J’ai imaginé cette série comme un dialogue entre deux médiums : la photographie et le dessin. Pour cela, j’ai invité Jude Castel, Artiste Dessinateur, à intervenir sur mes œuvres avec son propre langage visuel, le stylo Bic bleu ou rouge, qu’il maîtrise avec une rigueur singulière. Ce croisement donne naissance à des œuvres composées à quatre mains. Chaque œuvre associe donc deux registres : une photographie prise par mes soins et un dessin apposé dans un second temps. Les deux parties peuvent notamment être séparées par une déchirure nette : un geste plastique fort, symbolisant la rupture entre ce qui a été vécu et ce qui en reste. Cette déchirure est aussi le lieu du passage : elle symbolise la transition de l’image photographique, encore ancrée dans le réel, vers le trait dessiné rattaché à notre mémoire.
Cette altération entre ces deux mondes peut aussi symboliser de manière plus générale la mutation du paysage, de la Nature ou de tout lieu qui par nature se modifie, par le temps qui passe, par les transformations de l'environnement, et par la subjectivité de celui qui perçoit cette réalité. Ce processus fait également écho aux mutations du paysage lui-même : ses transformations sous l’effet du temps, de l’empreinte humaine ou du dérèglement climatique. Dans certaines œuvres, l’usage du rouge renforce cette lecture en évoquant la montée des températures ou les signes visibles du changement.
“Souvenir” souligne l’impermanence. Elle explore ce qui se délite, ce qui se transforme. En associant photographie et dessin, réalité et mémoire, je souligne une lecture sensible du temps, de l’absence, et de ce que nous choisissons ou non de retenir.

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